Cette 14ème séance du séminaire financement de la transition énergétique sera consacrée au verdissement des bilans bancaires. Des initiatives et des engagements ont été pris par de grands groupes bancaires. Cela se traduit-il d’ores et déjà par un changement dans la composition des actifs bancaires, par une réallocation des crédits vers des secteurs et acteurs moins polluants ? Seront confrontés deux points de vue : celui d’un professionnel de la banque très engagé dans la promotion du financement de la transition écologique et celui d’un économiste de banque centrale qui a mené une analyse empirique pour examiner l’évolution de la composition des bilans bancaires.
Programme du séminaire
Lors de la COP21, près de sept mille engagements « individuels concrets » ont été inscrits sur la plateforme Nazca, dont l’objectif était d’effectuer un suivi dans le temps de ces engagements. Nous sommes entrés dans l’époque des pledges (« engagements » en anglais). Comment donner de la cohérence à ces annonces de taille et d’ambition variables ? Comment s’assurer que les engagements de réduction des émissions de CO2 des acteurs soient cohérents avec leur stratégie économique ou industrielle ? Comment veiller à ce que ce verdissement soit sincère et que les entreprises – en particulier les institutions financières – s’engagent en faveur de la croissance verte sans faire de greenwashing ? Philippe Zaouati apportera des éléments de réponse à ces questions, en tant que responsable d’une banque engagée sur la finance verte et membre du « high level group » qui a inspiré le Plan d’action de la Commission européenne sur la finance durable.
Référence : Livre – La finance verte commence à Paris, éditions Rue de l’échiquier, 2018.
A la suite des accords de Paris qui impliquent une réorientation massive des flux de financement vers les secteurs et les activités non carbonées, les grandes banques françaises ont multiplié les engagements à verdir leur fonctionnement et leurs bilans. Cette mobilisation des banques s’est traduite par une amélioration des notes vertes calculées sur la base de leurs déclarations, comme la note de performance verte émise par l’ONG Carbon Disclosure Project (CDP). Dans quelle mesure ces engagements « verts » sont-ils suivis d’effets en termes d’allocation du crédit vers des secteurs plus ou moins intensifs en carbone ? Pour y répondre seront présentés les résultats d’une étude réalisée par Jean-Stéphane Mésonnier qui estime l’impact de l’engagement vert des principaux groupes bancaires français sur l’évolution de leur crédit à une cinquantaine de secteurs non-marchands de 2010 à 2017. Il en ressort que les engagements verts des banques se sont bien traduits par une réallocation significative du crédit aux grandes entreprises vers celles des secteurs moins intensifs en carbone, mais aucun impact n’est visible sur l’allocation du crédit aux PME. Ces résultats suggèrent qu’une extension des obligations de comptabilité carbone aux PME peut représenter un levier important de décarbonation du crédit bancaire en France.
Référence : Document de travail : L’engagement vert des banques françaises : quel impact sur le crédit aux secteurs intensifs en carbone ?, WP Banque de France, à paraître.
Date : lundi 6 mai de 9h à 11h30.
Lieu : Maison des Sciences Economiques, Université Paris 1 – 106 – 112 boulevard de l’Hôpital, 75013 – Salle des thèses (6ème étage).
Retrouvez toutes les présentations des sessions passées du séminaire.
Le séminaire Financement de la transition énergétique est organisé par trois chercheurs associés à la chaire Energie et Prospérité : Jézabel Couppey-Soubeyran (Université Paris 1), Dominique Plihon (Université Paris 13, Sorbonne Paris Cité) et Sandra Rigot (Université Paris 13, Sorbonne Paris Cité).
Ce séminaire sera consacré aux enjeux de gouvernance d'entreprise en lien avec la transition écologique.