Thèse soutenue le 20 octobre 2023, à l’Université Paris sciences et lettres dans le cadre de l’École doctorale SDOSE (Paris), en partenariat avec Laboratoire d’Economie de Dauphine.
Cette thèse examine les liens entre électrification, déforestation et développement économique dans les pays en développement. L’objectif principal est de fournir des éclairages sur les impacts de l’électrification sur la soutenabilité environnementale et la croissance économique, en tirant des implications politiques pour la promotion du développement durable dans le contexte des efforts d’électrification en cours.
Dans le Chapitre 1, nous développons un cadre théorique afin d’explorer le lien potentiel entre l’électrification et l’expansion des exploitations agricoles. L’analyse empirique utilisant des données ENV en Côte d’Ivoire révèle que l’accès à l’électricité réduit de manière significative la taille moyenne des exploitations agricoles et la consommation du bois. Ces résultats suggèrent un impact positif potentiel de l’électrification sur l’atténuation de la déforestation. Cependant, un seuil d’électrification de 80% met en évidence la nécessité de politiques ciblées pour s’assurer que l’électrification n’entraîne pas par inadvertance une déforestation accrue.
Le Chapitre 2 étudie la relation entre l’électrification et les taux de déforestation en Côte d’Ivoire d’une manière plus large. L’étude révèle un lien positif entre l’électrification et la déforestation. Alors que les programmes d’électrification se développent, la déforestation continue de progresser, ce qui soulève des préoccupations en matière de conservation de l’environnement et souligne l’importance d’une planification soutenable de l’électrification.
Le Chapitre 3 explore les défis auxquels sont confrontés les acteurs privés du secteur de l’électricité dans les pays africains. Les risques de change et d’inflation apparaissent comme des obstacles importants à l’investissement privé dans la production d’électricité. Le chapitre identifie des mesures telles que l’ajustement automatique des tarifs et la réflectivité des coûts qui peuvent atténuer ces risques et encourager l’implication du secteur privé, pour finalement soutenir l’accès universel à l’électricité.
Le Chapitre 4 examine l’impact des contraintes énergétiques sur la productivité des entreprises dans les pays en développement. L’analyse empirique basée sur l’ensemble des données des enquêtes sur les entreprises de la Banque mondiale pour 84 pays sur la période 2006-2019 démontre que les contraintes électriques réduisent de manière significative la productivité totale des facteurs basée sur les revenus au niveau de l’entreprise. Ce résultat souligne l’importance d’assurer une offre d’électricité stable pour favoriser la croissance économique et la compétitivité, en particulier pour les entreprises manufacturières. Les implications politiques tirées de ces résultats comprennent la planification soutenable de l’électrification, la surveillance étroite des taux de déforestation, l’implication équilibrée des secteurs public et privé dans le secteur de l’électricité, les investissements dans l’infrastructure électrique pour minimiser les contraintes telles que les pannes, et le soutien aux industries productives.
En résumé, cette thèse met en évidence les relations complexes entre électrification, déforestation et développement économique dans les pays en développement. En fournissant des preuves empiriques et des recommandations politiques, cette recherche contribue à la compréhension des défis et des opportunités présentés par l’électrification et offre des éclairages quantitatifs aux décideurs politiques qui s’efforcent d’atteindre une croissance économique durable et inclusive tout en sauvegardant l’environnement. Alors que les efforts d’électrification continuent de façonner le paysage du développement, les résultats présentés dans cette thèse peuvent guider les décideurs dans l’élaboration de politiques qui favorisent un équilibre harmonieux entre le développement économique et la préservation de l’environnement.
Thèse menée sous la supervision de Anna Creti-Bettoni et de Raja Chakir.
Ce séminaire sera consacré aux enjeux de gouvernance d'entreprise en lien avec la transition écologique.