La réalité du réchauffement climatique n’est plus discutable. L’objectif de le limiter à 2°C à la fin du siècle a été clairement posé à la COP 21, et un rapport récent du GIEC montre même que, pour éviter des chocs majeurs et irréversibles à la biosphère, il faudrait le limiter à 1,5°C. Cela pose immédiatement la question du financement de la nécessaire transition écolo-énergétique.
La théorie économique montre que le taux d’actualisation à appliquer pour évaluer un investissement « vert » doit être significativement plus bas que pour un investissement « BAU » (business as usual). Dans ce contexte, nous sommes interpellés par les obligations « vertes ». La plupart des parties prenantes prétendent qu’elles assureraient le rendement du marché tout en finançant des projets « verts ». D’autres « observateurs » du marché prétendent qu’elles seraient plus chères pour ses acheteurs, moins chères pour ses émetteurs.
Nous montrons que la promesse « verte » liée à une telle obligation n’a pas de valeur juridique, et, sur un plan théorique, que son placement à des investisseurs professionnels quelconques, associé à l’existence d’un marché secondaire actif, ramène nécessairement son prix à celui d’une obligation classique, c’est-à-dire libérée de tout autre engagement que de payer les coupons en temps et en heure, et de rembourser le nominal à l’échéance finale. Sur le plan pratique, nous passons en revue le marché primaire et le marché secondaire, sans déceler de différence de prix entre les obligations « vertes » et classiques.
Comment se fait-il que deux produits financiers présentés comme différents soient traités de
manière identique par les marchés ? Nous pensons qu’il s’agit en réalité du même produit, en
dépit d’un discours politique et médiatique qui tend à accréditer l’idée d’une différence.
Notre conclusion est qu’il est pour le moins contestable que l’obligation « verte » contribue à la lutte contre le réchauffement climatique (contrairement à certains financements de projets ou autres investissements directs dans des projets verts), et que l’on peut se poser la question d’un greenwashing fonctionnel.
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La crise climatique est source de risques financiers désormais reconnus comme porteurs d’incertitudes multiples, et susceptibles de détériorer l’équilibre du système comme celui de ses acteurs. Ce séminaire sera l’occasion d’aborder plusieurs questions stratégiques soulevées par les risques climatiques tant pour les banques que pour les autorités de tutelle.
